jeudi 31 janvier 2013

La Reine Marie-Antoinette au temps de son impopularité et l'idée du Prince de Ligne d'installer la Cour à Paris.

"L'impopularité grandissante de Marie-Antoinette révèle ceux qui entouraient le trône lui-même. Des pamphlets obscènes circulaient, de la plume de Beaumarchais ou d'autres, comme ces Fureurs utérines de Marie-Antoinette, accusant la reine d'être un bisexuelle vorace et ses enfants des bâtards. Refusant de les prendre aux sérieux, contrairement aux futurs historiens, elle les montrait à ses amis avec force éclats de rire. Il y en avait tant que Ligne lui dit un jour être convaincu que "Votre Majesté est de moitié pour les profits". Il était d'ailleurs bien placé pour voir que ces libelles trouvaient leur origine à l'intérieur même du cercle intime de la reine. Un jour que Mme de Polignac et Marie-Antoinette pleuraient dans les bras l'une de l'autre sur les malheurs de la duchesse qu'une intrigue visait à la Cour, le comte d'Artois entra dans la pièce. "Ne vous gênez pas", dit-il en rient, et il s'éloigna racontant partout qu'il avait dérangé deux amis.

Yolande-Gabrielle-Martine de Polastron, duchesse de Polignac (1749-1793), portrait « au chapeau de toile ». Huile sur toile d’Élisabeth-Louise Vigée-Lebrun (1755-1842) datée de 1782, châteaux de Versailles et de Trianon (Hauteur : 0,922 m; Longueur : 0,733 m. N° d'inventaire : MV 8971).

Ligne ne cessa jamais de défendre la reine et contribua à propager la légende blanche de Marie-Antoinette, "mille fois trop bonne", aussi éloignée de la vérité que la légende noire répandue par les pamphlets. On sait le luxe dont elle s'entourait. Son extravagance était telle qu'un jour, ayant épuisé son allocation mensuelle, elle dut demander à Ligne d'emprunter vingt-cinq louis aux valets de service dans l'antichambre afin de pouvoir verser une aumône à une mendiante. Ce qui n'empêcha pas Ligne d'écrire que la moindre servante ou maîtresse de ministre vivait dans une plus grande opulence que la reine. Il nia qu'elle ait eu des amants, affirmant qu'"il n'y eut jamais aucun de nous qui avions le bonheur de la voir tous les jours, qui osât en abuser, par la plus petite inconvenance, elle faisait la Reine sans s'en douter, on l'adorait sans songer à l'aimer".
Tout ce qu'elle faisait, dit-il, était pris en mal. Si elle riait, on la traitait de "moqueuse". Si elle se montrait accueillante envers des étrangers, c'était le signe qu'elle haïssait la France. Si elle dînait avec Mme de Polignac dans son appartement, elle était "familière". Les fêtes qu'elle donnait au Petit Trianon prouvaient qu'elle était "bourgeoise" et, lorsqu'elle se promenait avec ses belles-sœurs les soirs d'été sur la terrasse de Versailles, elle était "suspecte". Lorsqu'elle devint moins frivole, on la dit "intrigante". Ligne rappela que, parallèlement à la vie qu'elle menait avec ses amis, elle maintenait le cérémonial entourant une reine de France. "La reine n'a pas négligé un dîner public ; ses jeux de représentation si ennuyeux du mercredi et du dimanche ; les mardis des ambassadeurs et des étrangers ; les présentations ; ce qu'on appelait les révérences ; la cour du matin qu'on appelait la toilette de la reine avant le passage de la galerie pour la messe, tous les jours ; grand couvert ; grandes loges ; soupers dans les cabinets les mardis et les jeudis avec les nobles ennuyeux, etc."
Pourtant, même à la Cour, on n'aimait ni ne respectait la reine. Écervelée et égoïste, elle n'avait appris à écrire correctement qu'à l'âge de treize ans. Elle ignorait l'étiquette, laissant sa dame de compagnie loin en arrière lorsqu'elle se promenait à cheval en compagnie de Ligne, ou jetant dans le lac les chapeaux de ses invités à la fin d'un dîner au Petit Trianon. En sa présence, mais derrière son dos, Artois et Mme de Polignac critiquaient son manque de dignité et son excessif attachement aux Habsbourg. [...] Ligne écrira plus tard à sa fille Christine qu'il était peut-être le seul à aimer sincèrement Marie-Antoinette.

Le comte d'Artois, depuis Charles X (1757-1836), par Richard Cosway (1742-1821). Peinture sur ivoire de 1786, produite en Angleterre, conservée à Chantilly, musée Condé (Hauteur : 0,105 m ; Longueur : 0,085 m. N° d'inventaire : OA1488).

Sous Louis XIV, les invitations pour Marly étaient si convoitées que les courtisans s'alignaient le long du chemin qu'il empruntait pour aller à la messe, suppliant : "Marly, sire ?". Sous Louis XVI, si peu nombreuses étaient les dames désirant se rendre à Marly qu'une visite de la Cour dut être annulée. Au début des années 1780, les gens qui, à l'Opéra de Paris, essayaient d'acclamer Marie-Antoinette se faisaient huer. Pour ligne, la solution résidait dans l'installation de la Cour à Paris. La distance, le climat et l'atmosphère de Versailles étaient oppressants La "cour de gaieté" devait vivre dans un Louvre restauré et agrandi, face à une magnifique place qui s'étendrait jusqu'aux Tuileries (un programme que réalisera Napoléon III). "Que Paris voie, aime et connaisse ses souverains.""

Source : Philip Mansel, Charles-Joseph de Ligne 1735-1814, éd. Stock, 1992, p.76-77.

Des illusions et le bouleversement de la vapeur, de l'électricité et des communications.

"Sauf les classes criminelles et les révolutionnaires incorrigibles recherchant l'impossible, chacun se santait protégé dans sa sécurité, sa liberté, ses croyances ; aussi, comme je l'entendais dite tous côtés en revenant de campagne, on se sentait bien gouverné. Il est vrai que si j'ouvrais les journaux, j'y lisais le plus souvent le contraire. S'il se trouvait parmi ces journaux des organes de publicité sérieux, rédigés par des hommes de cœur et de talent qui, quelles que fussent leurs opinions, s'efforçaient par leurs écrits de bien servir leur pays, combien d'autres avaient pour rédacteurs de vrais marchands d'injures, d'autant plus lus qu'ils étaient plus calomnieux, courtisans de toutes les passions envieuses et subversives. Ces hommes étaient les interprètes de cette classe de plus en plus nombreuse de spéculateurs qui déserte toute carrière utile pour demander la fortune aux hasards de la politique. Selon eux, l'oppression et la corruption étaient intolérables et ne cesseraient que lorsque le pouvoir passerait entre leurs mains immaculées. Seuls ils possédaient le secret de transformer la France en paradis terrestre par l'application sincère des grands principes sonores de Liberté, Égalité, Fraternité. Cette sincérité d'application, si souvent annoncée, tarde un peu à venir, surtout quant à l'égalité, qui pour tant de gens signifie seulement : Ce que je n'ai pas, personne ne l'aura ! Certes le mot égalité est séduisant, et dans toute la société qui se respecte, l'égalité devant la loi doit être entière, absolue pour tous. Mais tant que la science n'aura pas trouvé le moyen de faire tous les hommes également intelligents et toutes les femmes également belles, je considérerai l'égalité universelle, aveugle, comme la plus absurde et la plus dangereuse des chimères.

La République par Jules Claude Ziegler (1804-1856), 1848, huile sur toile, Lille, Palais des Beaux-Arts (Hauteur : 0,740 m, Longueur : 0,580 m. N° d'inventaire : Inv.P.953).

Ces réflexions ne me venaient pas à l'esprit à l'époque dont je parle ; j'étais, en 1840, trop insouciant pour me tracasser des casse-tête enfantés par nos office-seekers, chasseurs de place, comme disent les Américains. Pendant qu'ils s'amusaient aux fantaisies envieuses, irréligieuses, malsaines, intéressées surtout, qu'ils prétendaient faire découler des principes de 1789, une révolution bien plus terrible que la révolution française, car elle frappait le pauvre comme le riche, n'allait pas tarder à fondre sur nous : la révolution causée par l'emploi de la vapeur, de l'électricité, par la rapidité des communications. Peu de gens prévoyaient alors le bouleversement profond qui allait atteindre chez tous les peuples agglomérés en vieilles sociétés sur un sol épuisé, les conditions du travail, de l'alimentation, de l'existence même, bouleversement dont nous ne sommes qu'au début, sans en entrevoir le remède."

Source : Vieux souvenirs de Mgr le Prince de Joinville 1818-1848, éd. Mercure de France, le Temps retrouvé, 1970, p. 142-143.

jeudi 24 janvier 2013

Le retour des cendres de Napoléon décidé et confié au prince de Joinville, en 1840.

Le Retour des Cendres. Arrivée du corps de Napoléon Ier aux Invalides. Au centre, le Roi Louis-Philippe et son fils le prince de Joinville. Sculpture en marbre blanc de François Jouffroy (1806-1882) réalisée en 1851, Paris, hôtel des Invalides (Hauteur : 2,300 m ; Longueur : 3,200 m).

"En proie à une forte fièvre [due à une violente rougeole], je vis un jour apparaître mon père [le Roi Louis-Philippe], suivi de M. de Rémusat, alors ministre de l'Intérieur, visite insolite qui me remplit d'étonnement ; ma surprise augmenta encore quand mon père me dit : "Joinville, tu vas partir pour Sainte-Hélène, et en rapporter le cercueil de Napoléon." Si je n'avait été au lit, je serais tombé de mon haut et au premier moment je ne fus nullement flatté de la comparaison que je fis entre la campagne de guerre entreprise par mes frères en Algérie et le métier de croque-mort que l'on m'envoyait exercer dans l'autre hémisphère.


Retour des cendres de l'empereur Napoléon Ier en 1840. Le transbordement du cercueil de "la Belle Poule" sur le vapeur "Normandie" en rade de Cherbourg le 8 décembre 1840. Huile sur toile, de 1841, de l'artiste Antoine Léon Morel-Fatio (1810-1871) Versailles, châteaux de Versailles et de Trianon (Hauteur : 1,310 m ; Longueur : 1,950 m. N° d'inventaire : MV6997).

Mais j'étais un soldat et je n'avais pas à discuter un ordre. La question se présentait d'ailleurs sous deux feux faces : au-dessus de Napoléon, ennemi de ma race, assassin du duc d'Enghien, qui en tombant avait légué à la France ruinée, démembrée, ce redoutable jeu de hasard où les foules naïves sont si souvent dupes du croupier politique, le suffrage universel, il y avait l'homme de guerre incomparable, dont le génie avait jeté, même dans la défaite, un éclat immortel sur nos armées.
En allant chercher ses cendres à l'étranger, c'était comme le drapeau de la France vaincue nous relevions, du moins nous l'espérions, et à ce point de vue je me réconciliai avec ma mission."

Source: Vieux souvenirs de Mgr le Prince de Joinville 1818-1848, éd. Mercure de France, Le Temps retrouvé, 1970, p.146.

La grande tragédienne Mlle Rachel (1821-1858) par le prince de Joinville.

 Mlle Rachel dans le rôle de Phèdre, un de ses rôles fétiches. Épreuve en bronze moulé de 1850 par le fondeur Ferdinand Barbedienne (1810-1892) d'après l'original en marbre de Jean-Baptiste Clésinger dit Auguste Clésinger (1814-1883). Petit-Couronne, musée départemental Pierre Corneille (Hauteur : 31 cm ; largeur : 16 cm ; profondeur : 15.5 cm. N° d'inventaire : 1905.17).

"Mlle Rachel, une femme de génie, avait rendu au Théâtre-Français un éclat oublié depuis longtemps. Pour mon compte, je n'ai jamais vu sur la scène une perfection aussi complète. Presque sans gestes, par le jeu de sa physionomie, le feu de ses regards, les intonations de sa voix, elle exprimait les passions avec une intensité communicative. Elle avait le génie du costume, de la draperie ; sous le péplum on croyait voir une statue antique, et la femme enfin savait s'envelopper en tout, même dans les rôles féroces, d'un charme incomparable. Elle aurait assassiné qu'on aurait aimé l'assassine, et, chose singulière, cette femme extraordinaire n'avait d'esprit qu'au bout de sa plume."

Source : Vieux souvenirs de Mgr le Prince de Joinville 1818-1848, éd. Mercure de France, Le Temps retrouvé, 1970, p.145.

mardi 22 janvier 2013

Livre : Marquis de La Maisonfort, "Mémoires d'un agent royaliste".

Marquis de La Maisonfort, Mémoires d'un agent royaliste, éd. Mercure de France, 1998.
I.S.B.N. : 2-7152-1976-8.

Note : * * * * *

Commentaire : Ces mémoires évoquent, depuis la jeunesse jusqu'à sa disparition, le rôle d'un homme pris dans le tourments de la fin du XVIIIe siècle et les conflits d'intérêt qui en sont les conséquences. Ses emprisonnements et son évasion sont raconter avec mesure sans que le lecteur sente, dans l'écriture du marquis de La Maisonfort, un esprit vindicatif. Cela malgré tous les sacrifices faits durant sa vie d'agent royaliste et politique. C'est toujours avec un certain recul qu'il constate les travers des passions des hommes. Son style libre et spirituel enchante le lecteur qui peut plaisamment croiser des hommes et des femmes qui ont participé à l'histoire de la France. Ainsi, il est possible de côtoyer ou sinon d'apercevoir des personnalités tout aussi diverses que le Roi Louis XVIII, Monsieur comte d'Artois, le duc de Berry, le duc de Brunswick, le comte Ferdinand de Bertier de Sauvigny, Chateaubriand, Rivarol, et d'autres comme Mme de Staël, Bernadotte, La Fayette, Talleyrand, Fouché...

lundi 21 janvier 2013

Testament du Roi Louis XVI, rédigé le 25 décembre 1792.

L'Autel Royal : groupe allégorique à l'avènement et au sacre de Louis XVI et à Marie-Antoinette. Louis XVI et Marie-Antoinette couronnés, habillés à la franque, drapés des manteaux royaux, unissant leurs mains sur un globe fleurdelysé reposant sur un petit autel portant l'inscription en lettres dorées " Au bonheur public ". Socle décoré des initiales de Louis XVI, de l'aigle d'Autriche, de fleurs de lys radiées et de guirlandes et portant deux cornes d'abondance. D'après Simon Louis Boizot (1743-1809). Biscuit en céramique, réalisé en 1775, de la manufacture de Sèvres. Versailles, châteaux de Versailles et de Trianon (hauteur : 0,420 m ; n° d'inventaire : MV7783).

"Aujourd'hui vingt-cinquième jour de décembre mil sept cent quatre-vingt-douze, moi, Louis XVI du nom, Roi de France, étant depuis plus de quatre mois enfermé avec ma famille dans la Tour du Temple, à Paris, par ceux qui étoient mes sujets, et privé de toute communication quelconque, même depuis le 11 du courant, avec ma famille ; de plus, impliqué dans un procès dont il est impossible de prévoir l'issue, à cause des passions des hommes, et dont on ne trouve aucun prétexte ni moyen dans aucune loi existante, n'ayant que Dieu pour témoin de mes pensées, et auquel je puisse m'adresser : je déclare ici, en sa présence, mes dernières volontés et mes sentimens. 

Je laisse mon âme à Dieu mon créateur ; je le prie de la recevoir dans sa miséricorde, de ne pas la juger d'après ses mérites, mais par ceux de notre Seigneur Jésus-Christ qui s'est offert en sacrifice à Dieu son père pour nous autres hommes, quelque indignes que nous en fussions, et moi le premier.
Je meurs dans l'union de notre sainte mère l'église catholique, apostolique et romaine, qui tient ses pouvoirs par une succession non interrompue de saint Pierre, auquel Jesus-Christ les avoit confiés.
Je crois fermement et je confesse tout ce qui est contenu dans le symhole et les commandemens de Dieu et de l'Eglise, les sacremens et les mystères, tels que l'église catholique les enseigne et les a toujours enseignés. Je n'ai jamais prétendu me rendre juge dans les différentes manières d'expliquer les dogmes qui déchirent l'église de Jésus-Christ, mais je m'en suis rapporté et rapporterai toujours, si Dieu m'accorde vie, aux décisions que les supérieurs ecclésiastiques, unis à la sainte église catholique, donnent et donneront conformément à la discipline de l'Eglise, suivie depuis Jésus-Christ.
Je plains de tout mon cœur nos frères qui peuvent être dans l'erreur ; mais je ne prétends pas les juger, et je ne les aime pas moins en Jésus-Christ, suivant ce que la charité chrétienne nous enseigne. Je prie Dieu de me pardonner tons mes péchés; j'ai cherché à les connoître scrupuleusement, à les délester, et à m'humilier en sa présence. Ne pouvant me servir du ministère d'un prêtre catholique, je prie Dieu de recevoir, la confession que je lui en ai faite, et surtout le repentir profond que j'ai d'avoir mis mon nom (quoique cela fût contre ma volonté) à des actes qui peuvent être contraires à la discipline et à la croyance de l'église catholique, à laquelle j'ai toujours été sincèrement uni de cœur. Je prie Dieu de recevoir la ferme résolution où je suis, s'il m'accorde vie, de me servir, aussitôt que je le pourrai, du ministère d'un prêtre catholique, pour m'accuser de tous mes péchés, et recevoir le sacrement de pénitence.

Projet d'un monument à élever à Louis XVI à Paris. Sur l'initiative de De Varenne, huissier d'honneur de l'Assemblée nationale en 1790. Estampe en couleur de Jean François Janinet (1752-1814), d'après Jean-Michel Moreau Jean Michel, le Jeune (1741-1814). Versailles, châteaux de Versailles et de Trianon (Hauteur : 0,430 m ; Longueur : 0,360 m. N° d'inventaire : invgravures666).

Je prie tous ceux que je pourrois avoir offensés par inadvertance car je ne me rappelle d'avoir fait sciemment aucune offense à personne, ou ceux à qui j'aurois pu avoir donné de mauvais exemples ou
des scandales, de me pardonner le mal qu'ils croient que je peux leur avoir fait : je prie tous ceux qui ont de la charité d'unir leurs prières aux miennes, pour obtenir de Dieu le pardon de mes péchés.
Je pardonne de tout mon cœur à ceux qui se sont faits mes ennenis, sans que je leur en aie donné aucun sujet, et je prie Dieu de leur pardonner de même qu'à ceux qui par un faux zèle ou par un zèle mal entendu , m'ont fait beaucoup de mal.
Je recommande à Dieu ma femme et mes enfans, ma sœur, mes tantes, mes frères et tous ceux qui me sont attachés par le lien du sang ou par quelqu'autre manière que ce puisse être ; je prie Dieu particulièrement de jeter des yeux de miséricorde sur ma femme, mes enfans et ma sœur, qui souffrent depuis long-temps avec moi, de les soutenir par sa grâce, s'ils viennent à me perdre, et tant qu'ils resteront dans ce monde périssable.
Je recommande mes enfans à ma femme ; je n'ai jamais douté de sa tendresse maternelle pour eux ; je lui recommande surtout d'en faire de bons chrétiens et d'honnêtes hommes, de ne leur faire regarder les grandeurs de ce monde-ci (s'ils sont condamnés à les éprouver), que comme des biens dangereux et périssables, et de tourner leurs regards vers la seule gloire solide et durable de l'éternité ; je prie ma sœur de vouloir continuer sa tendresse à mes enfans et de leur tenir lieu de mère, s'ils avoient le malheur de perdre la leur.
Je prie ma femme de me pardonner tous les maux qu'elle souffre pour moi, et les chagrins que je pourrois lui avoir donnés dans le cours de notre union ; comme elle peut être sûre que je ne garde rien contre elle, si elle croyoit avoir quelque chose à se reprocher.
Je recommande bien vivement à mes enfans, après ce qu'ils doivent à Dieu qui doit marcher avant tout, de rester toujours unis entre eux, soumis et obéissans à leur mère, et reconnoissans de tous les soins et les peines qu'elle se donne pour eux, et en mémoire de moi. Je les prie de regarder ma sœur comme une seconde mère.
Je recommande à mon fils, s'il avoit le malheur de devenir Roi, de songer qu'il se doit tout entier au bonheur de ses concitoyens ; qu'il doit oublier toute haine et tout ressentiment, et nommément ce qui a rapport aux malheurs et chagrins que j'éprouve ; qu'il ne peut faire le bonheur des peuples, qu'en régnant suivant les lois, mais en même temps qu'un Roi ne peut les faire respecter, et faire le bien qui est dans son cœur, qu'autant qu'il a l'autorité nécessaire, et qu'autrement étant lié dans ses opérations et n'inspirant point de respect, il est plus nuisible qu'utile.
Je recommande à mon fils d'avoir soin de toutes les personnes qui m'étoient attachées, autant que les circonstances où il se trouvera lui en donneront les facultés ; de songer que c'est une dette sacrée que j'ai contractée envers les enfans ou les parens de ceux qui ont péri pour moi, et ensuite de ceux qui sont malheureux pour moi. 

Louis XVI, roi de France et de Navarre (1754-1793) entouré des figures assises de la Justice, de la Piété, de la Bienfaisance et de la Modération. Sculpture en marbre et en plâtre de Jean-Pierre Cortot (1787-1843). Versailles, châteaux de Versailles et de Trianon (Hauteur : 4,700 m ;  Longueur : 2,240 m ; Profondeur : 2.240 m. N° d'inventaire : MV1355).

Je sais qu'il y a plusieurs personnes de celles qui m'étoient attachées qui ne se sont pas conduites envers moi comme elles le devoient, et qui ont même montré de l'ingratitude, mais je leur pardonne (souvent dans les momens de trouble et d'effervescence, on n'est pas le maître de soi), et je prie mon fils, s'il en trouve l'occasion, de ne songer qu'à leur malheur.
Je voudrois pouvoir témoigner ici ma reconnoissance à ceux qui m'ont montré un attachement véritable et désintéressé ; d'un côté, si été j'ai sensiblement touché de l'ingratitude et de la déloyauté des gens à qui je n'avois jamais témoigné que des bontés, à eux ou à leurs parens ou amis ; de l'autre, j'ai eu de la consolation à voir l'attachement et 1'intérêt gratuit que beaucoup de personnes m'ont montré ; je les prie d'en recevoir tous mes remercîmens. Dans la situation où sont encore les choses, je craindrois de les comprometre si je parlois plus explicitement ; mais je recommande spécialement à mon fils de chercher les occasions de pouvoir les reconnoître.
Je croirois calomnier cependant les sentimens de la nation, si je ne recommandois ouvertement à mon fils MM. de Chamilly et Huë, que leur véritable attachement pour moi avoit portés à s'enfermer avec moi dans ce triste séjour, et qui ont pensé en être les malheureuses victimes. Je lui recommande aussi Clery, des soins duquel j'ai eu tout lieu de me louer depuis qu'il est avec moi ; comme c'est lui qui est
resté avec moi jusqu'à la fin, je prie messieurs de la commune de lui remettre mes hardes, mes livres, ma montre, ma bourse, et les autres petits effets qui ont été déposés au conseil de la commune.
Je pardonne encore très-volontiers à ceux qui me gardoient les mauvais traitemens et les gênes dont ils ont cru devoir user envers moi ; j'ai trouvé quelques âmes sensibles et compatissantes ; que celles-là jouissent de la tranquillité que doit leur donner leur façon de penser !
Je prie MM. de Malesherbes, Tronchet et de Sèze, de recevoir ici tous mes remercîmens, et l'expression de ma sensibilité, pour tous les soins qu'ils se sont donnés pour moi.
Je finis en déclarant devant Dieu, et prêt à paroître devant lui, que je ne me reproche aucun des crimes qui sont avancés contre moi.
Fait double à la tour du Temple, le vingt-cinq décembre mil sept cent quatre-vingt-douze.

Signé LOUIS."

Source : Testament de notre bon roi Louis XVI (25 décembre 1792),  de l'imprimerie de Mame frères, rue du Pôt-de-Fer , n°14.

lundi 14 janvier 2013

Louis-Philippe 1er, Rois des Français, possédait au plus haut degré l'esprit de repartie, d'après les souvenirs d'un de ses fils le Prince de Joinville.

Louis-Philippe Ier, roi des Français (1773-1850), représenté en 1833 en uniforme de lieutenant général devant son trône, prête serment la main posée sur la Charte de 1830, par François Pascal Simon, baron Gérard, (1770-1837), Versailles, châteaux de Versailles et de Trianon (huile sur toile. Hauteur : 2,220 m ,Longueur : 1,560 m. N° d'inventaire : MV5210).

"Le cours de mes études ne fut plus interrompu que par un voyage que le Roi fit en Normandie, où je l'accompagnai. Le but officiel du voyage était de passer en revue, à Cherbourg, l'escadre qui avait opéré dans la mer du Nord, de concert avec l'escadre anglaise, pendant le règlement de la question belge, mais le but principal était de parcourir les départements de Normandie et de se mettre en rapport avec les braves populations.
Ce voyage fut fertile en incidents. Le premier survint à Bernay, la ville du vertueux Dupont de l'Eure, un de ces vertueux qui vous feraient vertueusement couper la tête, plutôt que de renoncer à la moindre parcelle de leurs utopies populacières. Le préfet, M. Passy, avait averti le Roi que parmi les discours qui lui seraient adressés à son arrivée, il s'en trouverait un où on lui ferait la leçon. Ainsi prévenus, nous arrivons, et montés sur une estrade en plein vent, surmontée d'un dôme de verdure, la réception et les discours commencent. Rien de particulier d'abord, enfin un président de tribunal s'avance et je vois tout de suite à la manière dont il salue, à son air pincé et à la curiosité avec laquelle toutes les têtes tendent l'oreille que le Roi va recevoir la leçon annoncée. Elle arrive, en effet, très étudiées, très impertinente ; tout le monde écoute en silence ; il y est question de courtisans, de danger d'écouter les flatteurs, etc., etc.

Louis-Philippe et sa famille, par Théophile-Evariste-Hippolyte Fragonard (1806-1876), château de Compiègne (lithographie. Hauteur : 0,420 m , Longueur : 0,563 m. N° d'inventaire : C2006.0.121).

Au moment où elle se termine, les têtes de M. le président et de ses amis se relèvent avec un petit air d'"attrape mon bonhomme".
Le Roi répond alors avec la plus grande politesse, "remerciant M. le président des conseils qu'il veut bien lui donner. Flatteurs et courtisans ont fait bien du mal en effet, et la race n'en est malheureusement pas éteinte, car nous avons aujourd'hui des courtisans bien plus dangereux que les flatteurs des rois et des princes, ce sont les courtisans et les flatteurs du peuple, qui, pour acheter une vaine et misérable popularité, lui suggèrent pour son malheur des rêves irréalisables, etc., etc."
Sur ce thème, mon père décoche une raclée bien appliquée, interrompue à chaque instant par des acclamations contagieuses, si bien que ce brave président ne savait plus où se fourrer.
Mon père, entre autres qualités éminemment françaises, possédait au plus haut degré l'esprit de repartie. Il a toujours su s'en servir, mais avec une politesse et une bonhomie qui émoussaient ce que la pointe avait de trop sensible. Cette fois-ci le coup avait bien porté."

Source : Vieux souvenirs de Mgr le Prince de Joinville 1818-1848, éd. Mercure de France, le Temps retrouvé, 1970, p.60-61.

dimanche 13 janvier 2013

Louis-Philippe 1er, Rois des Français, a reculé de 18 ans la fin funeste du principe monarchique.

Louis-Philippe Ier, roi des Français (1773-1850), sculpture en marbre réalisée en 1838 de Auguste-Alexandre dit Auguste ou Augustin Dumont  (1801-1884), Versailles, châteaux de Versailles et de Trianon (Hauteur : 2,210 m. N° d'inventaire : MV2669).

"Je n'ai pas à juger la conduite de mon père en acceptant la couronne en 1830. La révolution de Juillet a sans doute été un grand malheur : elle a porté un nouveau coup au principe monarchique et donné un funeste encouragement aux spéculateurs en insurrection. Mais j'ai l'absolue certitude que mon père ne l'avait jamais souhaitée et que, au contraire, il l'avait vue venir avec une profonde douleur. Quand le trône de Charles X s'est écroulé, sans qu'il pût en aucune sorte le défendre, il a sans doute désiré passionnément échapper à l'exil commun et continuer à mener en France une existence heureuse entre toutes. La lutte terminée et la France soulevée d'un bout à l'autre, il a compris qu'il n'échapperait à l'exil qu'en s'associant au mouvement et il est certain qu'il ne l'a fait au début qu'avec la pensée de ramener Henri V sur le trône. Cet espoir déçu, il a cédé aux instances de tous ceux qui le conjuraient, comme seul en position de le faire, d'arrêter la France sur la pente fatale qui, de la république, la mènerait encore à la dictature, à l'invasion, à l'amoindrissement. Il a reculé de dix-huit ans ce funeste enchaînement, au péril de ses jours sans cesse menacés. Ce sera son honneur dans l'histoire, quelle que soit l'injustice des hommes."

Source : Vieux souvenirs de Mgr le Prince de Joinville 1818-1848, éd. Mercure de France, le Temps retrouvé, 1970, p.45.

Les jours du gouvernement de la Restauration étaient comptés.

Bivouac de la Garde Nationale dans la Cour Carré du Louvre pendant le procès des ministres de Charles X - nuit du 21 au 22 décembre 1830, peint en 1831 par Jean-Bruno Gassies (1786-1832), Versailles, châteaux de Versailles et de Trianon (huile sur toile. Hauteur : 0,860 m ; Longueur : 1,000 m. N° d'inventaire : MV5188).

"Les jours du gouvernement de la Restauration étaient comptés ; on n'avait rien à lui reprocher : au dehors, comme au dedans, il avait été assurément le meilleur des régimes qui se soient succédé depuis 1789. Mais il aurait voulu gouverner en bon père de famille, pour le bien de la France dans le présent, pour sa grandeur dans l'avenir, et résister aux assauts des déclassés, qui ne voyaient en elle qu'une ferme à exploiter. On l'avait démoli pièce à pièce, comme on démolit tout depuis cent ans, au nom des lois et de principes qui dissolvent tout gouvernement et rendront bientôt toute société impossible. L'heure du : "Ôte-toi de là que je m'y mette", le seul but sincère de nos révolutions successives, de quelque déguisement qu'on affuble, allait bientôt sonner."

Source : Vieux souvenirs de Mgr le Prince de Joinville 1818-1848, éd. Mercure de France, le Temps retrouvé, 1970, p.42.

samedi 12 janvier 2013

La révolution de 1830 : une surprise profonde pour Mgr le Prince de Joinville (1818-1900).

Portrait du prince de Joinville par Van Gauberghe, musée franco-américain du château de Blérancourt (Hauteur : 0,260 m ; Longueur : 0,180 m. Fonds Estampes, n° d'inventaire : CFAa579).

"C'est pendant mes années de collège qu'éclata la révolution de 1830. J'avais douze ; j'étais par conséquent beaucoup trop jeune pour en apprécier le caractère politique et social. Je me souviens seulement qu'elle me causa une surprise profonde. N'ayant jamais assisté à aucun désordre, je n'imaginais pas ce que pouvait être une révolution. J'avais toujours vu le Roi [Charles X] et la famille royale l'objet d'un respect qui ne s'est, du reste, jamais démenti, et j'avais à cent lieues de penser qu'on pût les chasser. Mais il est certain que les commencements de l'année 1830 ne ressemblaient pas aux années précédentes et qu'il paraissait y avoir quelque chose dans l'air. Au collège, même parmi les petits, on répétait beaucoup de propos singuliers ; nos précepteurs, affiliés à la presse, étaient, comme on disait alors, dans le mouvement et ne cessaient de parler politique. Où n'en parlait-on pas ? C'était une maladie. On se rappelle le mot de M. de Salvandy, lors de la fête que mon père donna au mois de mai au Palais-Royal, en l'honneur du roi de Naples, mon oncle et parrain [François 1er des Deux-Siciles, frère de Marie-Amélie épouse de Louis-Philippe d'Orléans] : "Une fête toute napolitaine, Monseigneur, car nous dansons sur un volcan.""

Source : Vieux souvenirs de Mgr le Prince de Joinville 1818-1848, éd. Mercure de France, le Temps retrouvé, 1970, p.40.

Portrait de M. le duc de Bourbon (1756-1830) au château de Saint-Leu.

 Portrait de Louis VI Henri Joseph de Bourbon-Condé, duc de Bourbon, par Vittore Pedretti (1799-1868), Musée Condé, Chantilly.

"Le 25 juillet [1830], nous avions tous dîné à Saint-Leu, chez M. le duc de Bourbon, un vieux cousin, qui ne se mêlait pas de politique, et qui menait une grande et belle existence à Chantilly et à Saint-Leu, sans venir jamais à Paris autrement qu'en passant, bien qu'il y possédât le charmant palais qui porte son nom, le palais Bourbon. Sa grande passion était la chasse où il excellait, et mon père [Louis-Philippe, duc d'Orléans puis Louis-Philippe1er, Roi des Français de 1830 à 1848], en lui abandonnant la chasse à courre de toutes ses forêts, s'en était fait un ami. Il y avait encore une autre raison à cette cordialité et peut-être la principale : c'est que mes parents avaient consenti à recevoir la baronne de Feuchères, qui exerçait sur M. le duc de Bourbon un grand empire, mais qui n'était pas admise à la cour. Je vois encore ce beau vieillard à la parole brève, au profil où le type de la maison de Bourbon était si vivement accentué, avec sa chevelure blanche et sa queue, son habit bleu boutonné d'où sortait un jabot, et son pantalon toujours beaucoup trop court laissant voir des bas blancs."

Source : Vieux souvenirs de Mgr le Prince de Joinville 1818-1848, éd. Mercure de France, le Temps retrouvé, 1970, p.42.

mardi 8 janvier 2013

Louis XVIII redressa la France.

 Étude réalisée par Joseph Blondel Merry (1781-1853), vers 1826-1827, pour la tête de Louis XVIII dans le bas-relief feint (en camaïeu d'or) de la voussure est du plafond de la salle Camondo au Louvre, ancienne seconde salle du Conseil d’État : "La Création des Chambres par Louis XVIII" (crayon noir, estompe, papier bleu, rehauts de craie. Hauteur : 0.432 m ; longueur : 0.315 m. Localisation : Paris, musée du Louvre, D.A.G. Acquisition : 2002, achat avec une aide extérieure. N° d'inventaire : RF52541-recto).

"Sous une apparente bonhommie, Louis XVIII était pratique et avisé. La Restauration lui rendit le trône de ses ancêtres et il redressa la France épuisée par la Révolution et vingt ans de guerres. Le destin n'a pas voulu qu'il eût le pouvoir au temps de l'Assemblée Constituante et de la Législative. Bien des malheurs eussent peut-être évités : l’État eût été sans doute réformé sans de trop grandes secousses et le trône affermi pour longtemps. Sa largeur d'esprit, sa pondération, son goût de la conciliation, son sens des sacrifices nécessaires eussent été bien venus dans une société agitée par des idées novatrices et subversives. Son espoir de reposer à Saint-Denis s'est réaliser et nul autre ne l' y a rejoint. Il y retrouva ses ancêtres, dont il ne reste plus qu'un cénotaphe élevé par ses soins."

Source : Édouard Perret, La dernière favorite des Rois de France la Comtesse du Cayla, d'après des documents inédits, éd. Émile-Paul frères, Paris, 1937, p.161-162.

mardi 1 janvier 2013

Le marquis de La Maisonfort (1763-1827) parle de Louis XVIII, Roi de France (1755-1824).

Louis XVIII, roi de France (1755-1824), représenté en 1814. Revêtu du grand manteau royal ; portant les colliers de Grand Maître de l'ordre de Saint-Michel et de l'ordre du Saint-Esprit (avec inscription "Louis le désiré") en lettres de bronze vert, sur le devant du socle.
Sculpture en marbre de l'artiste Achille Joseph Étienne Valois (1785-1862). Dépôt du musée du Louvre, 1953. Versailles, châteaux de Versailles et de Trianon (n° d'inventaire : MV8458 ; hauteur : 0,850m). (C) RMN-Grand Palais (Château de Versailles) / Gérard Blot.

"Quand on avait  à parler longtemps avec lui, il avait la bonté de vous ordonner  de vous asseoir ; sinon, on se tenait debout devant sa table. Je n'ai pas besoin d'apprendre ici que sa conservation était pleine d'esprit, mais ce qui étonnera, c'est qu'elle avait souvent de la bonhommie. Tenant à l'étiquette en public, il faisait des frais en particulier pour intéresser et même pour plaire, semant le discours d'anecdotes piquantes, les racontant avec une grâce particulière et développant avec une coquetterie continuelle, une érudition telle que je ne crois qu'il y ait en France dix personnes qui aient la mémoire aussi bien meublée que lui. Outre l'anglais et l'italien et un peu d'allemand, il n'y a point de littérature à laquelle ce prince soit étranger. Il possède tous nos théâtre, il sait tous ses classiques français et latins, cite Marot, Rabelais, les quatrains de Pibrac, et m'a fait l'honneur de me réciter le fameux passage de la Loire de La Pucelle de Chapelain. Le roi, en homme de goût, n'a pas oublié un seul vers de Racine et aime particulièrement le rôle d'Acomat dans Bajazet. Ayant à peu près les mêmes goûts, sans avoir cependant la même mémoire, j'avais le bonheur de l'amuser en lui donnant ses répliques. Cela l'intéressait plus que ses cartes ; le soir et plus d'une fois nous avons récité des scènes, des actes entiers au grand étonnement de la petite cour qui l'écoutait."

Source : Marquis de La Maisontfort, Mémoires d'un agent royaliste, éd. Mercure de France, 1998, p.216-217.