jeudi 24 avril 2014

Napoléon III : un pouvoir personnel pour de grands travaux afin de donner du travail et accroître le bien-être des masses.

Napoléon III à Compiègne, du photographe comte Olympe Aguado (1827-1894).
Épreuve sur papier albuminé conservée au château de Compiègne (n° d'inventaire : C50.022).

"La solidité de l'Empire ne peut se comprendre sans la rénovation de larges secteurs de l'économie nationale, par la construction d'un réseau de chemins de fer, et sans la révolution dans l'urbanisme des grandes cités. Napoléon avait lu les saint-simoniens. Il avait vécu en Angleterre. Surtout, il était convaincu qu'un pouvoir personnel devait susciter de grands travaux qui donneraient du travail et finalement accroîtraient le bien-être des masses sur la fidélité desquelles se fondaient le régime.
L'exemple anglais lui avait montré qu'il n'était plus possible, dans une civilisation où les échanges se multipliaient, de maintenir le régime douanier étroitement protectionniste qui était celui de la France depuis la Révolution. Il était résolu à affronter à sa manière, d'abord prudente, puis résolue, la résistance désespérée des industriels qui vivaient à l'abri de ce protectionnisme. Ainsi s'élargirait le cadre d'une économie où des transports plus rapides, plus massifs, feraient circuler les produits à longue distance. Il attendait de cette révolution économique une vie à bon marché, objet essentiel de ses espoirs.
De même, il projetait de transformer les villes et surtout Paris, capitale de l'Empire, dont il voulait faire la plus belle ville du monde, une véritable capitale morale du continent européen. Pour cela, il fallait non seulement construire de somptueux édifices, mais changer l'habitat en donnant à une agglomération repliée sur ses vieux quartiers comme une ville d'0rient l'air, la lumière, l'eau. Il rêvait de maisons ouvrières modernes, hygiéniques, à des prix en rapport avec les salaires. Ainsi reculeraient les épidémies qui restaient un des fléaux de la civilisation occidentale. Enfin, l'Empereur voulait agir vite pour montrer l'efficacité de son gouvernement, frapper les esprits au spectacle de véritables miracles."

Source : Louis Girard, Napoléon III, éd. Fayard, coll. Pluriel, Paris, 2002, p. 236-237.