jeudi 9 août 2012

Discours de Chateaubriand, le 7 août 1830.

  Portrait de Chateaubriand méditant sur les ruines de Rome, par Anne-Louis Girodet-Trioson (1767-1824), 1808, huile sur toile, 130 cm x 96cm, Musée de Saint-Malo.

"Le 7 août à 9 heures Chateaubriand prononçait à la Chambre des Pairs un discours, véritable réquisitoire dont il avait seulement consenti à adoucir quelques passages, à la demande d'officieux du Palais-Royal. Après avoir flétri "une monarchie bâtarde d'une nuit sanglante, la conspiration de la bêtise et de l'hypocrisie"... mais aussi, cette "terreur de château organisée par des eunuques" pour "remplacer la terreur de la République et le joug de fer de l'Empire", l'orateur suggérait comme solution, le duc de Bordeaux. "Quel sang crie aujourd'hui contre lui ? Je propose le duc de Bordeaux tout simplement comme une nécessité de meilleur aloi que celle dont on argumente..." Puis la péroraison à jamais mémorable : "Inutile Cassandre j'ai assez fatigué le trône et la pairie de mes avertissements dédaignés, il ne me reste qu'à m'asseoir sur les débris d'un naufrage que j'ai tant de fois prédit. Je reconnais au malheur toutes les sortes de puissance, excepté celle de me délier de mes serments de fidélité. Je dois aussi rendre ma vie uniforme ; après tout ce que j'ai fait, dit et écrit pour les Bourbons, je serais le dernier des misérables si je les reniais au moment où pour la troisième et dernière fois, ils s'acheminent vers l'exil". Enfin : "Si j'avais le droit de disposer d'une couronne, je la mettrais volontiers aux pieds de M. le duc d'Orléans. Mais je ne vois de vacant qu'un tombeau à Saint-Denis, et non un trône".

S.A.R. Henri d'Artois (1820-1883), duc de Bordeaux, comte de Chambord, et Henri V.

Source : Jean-Paul Garnier, Le Drapeau Blanc, éd. Librairie Académique Perrin, 1971, pp.268-269.