lundi 2 juin 2014

Le roi d'Espagne, Juan Carlos, abdique au nom du « renouveau ».

 
"Trente-neuf ans après avoir accédé au trône, le roi d'Espagne, Juan Carlos, 76 ans, a annoncé, lundi 2 juin, sa décision d'abdiquer de la couronne. L'information avait été dévoilée dans un premier temps le lundi 2 juin au matin par le chef du gouvernement espagnol, Mariano Rajoy, lors d'une conférence de presse convoquée en urgence au palais de la Moncloa, à Madrid, l'équivalent de l'hôtel de Matignon (le lieu de travail du chef du gouvernement français).
Le roi s'est ensuite adressé à 13 heures, à la télévision et à la radio espagnole, pour expliquer les raisons d'une décision motivée par le besoin de « renouveau » du pays. 
Pendant sa déclaration, il a évoqué plusieurs fois une « génération nouvelle, plus jeune, avec de nouvelles énergies, qui est décidée à prendre en main avec détermination les transformations et les réformes que la conjoncture actuelle appelle, pour affronter [...] les défis de demain ».

UNE LOI AVANT LE COURONNEMENT DE FELIPE
Cette nouvelle génération est incarnée par son fils, le prince Felipe des Asturies, 46 ans, son successeur désigné au trône. Juan Carlos a évoqué un fils « qui incarne la stabilité, un des éléments-clés de l'identité de l'institution monarchique ». A propos de Felipe, le roi a ajouté qu'il avait « la maturité, la prépation et le sens des responsabilités nécessaires pour assumer en toute confiance le rôle de chef de l'Etat ».
Plus tôt, Mariano Rajoy avait, quant à lui, rendu hommage à un prince qui s'était « préparé pendant vingt ans », assurant qu'il savait qu'il serait « à la hauteur des attentes ».
Le processus d'abdication et l'accession au trône du futur souverain l'approbation d'une « loi organique » sera cependant nécessaire, a indiqué le chef du gouvernement, qui a annoncé la convocation d'un « conseil des ministres extraordinaire », qui aura lieu mardi.

UNE FIGURE DE LA TRANSITION DÉMOCRATIQUE
« C'est une figure historique, étroitement liée à l'histoire espagnole, qui abdique aujourd'hui », a par ailleurs commenté Mariano Rajoy, saluant, dans une très courte allocution, « le plus grand promoteur de notre démocratie ». François Hollande, qui s'est entretenu lundi matin avec Juan Carlos, a, lui aussi, rendu hommage à l'« artisan de la transition après la dictature franquiste » qui, « durant près de trente-neuf années de règne, a incarné l'Espagne démocratique ».
Désigné comme dauphin par Francisco Franco, Juan Carlos était monté sur le trône à la mort du dictateur, en novembre 1975, bâtissant sa popularité sur sa capacité à mener la transition démocratique. Le roi s'était imposé comme le héros de ce moment de l'histoire le 23 février 1981. Dans un message télévisé resté gravé dans les mémoires, il avait ce jour-là ordonné aux officiers putschistes de la garde civile qui occupaient le Parlement de rentrer dans leurs casernes, déjouant ainsi la tentative de coup d’État menée par le lieutenant-colonel Antonio Tejero.


La fin de son règne aura cependant été marquée par une chute de popularité en raison de la multiplication d'affaires touchant la famille royale."


Source : Le Monde.fr avec AFP et Reuters | • Mis à jour le

2 juin 2014 : Abdication du Roi Juan Carlos Ier.

 
"Le Président s’est entretenu ce matin avec le Roi Juan Carlos Ier, qui lui a fait part de sa décision d’abdication.



Durant ces près de trente-neuf années de Règne, Juan Carlos a incarné l’Espagne démocratique, à la naissance de laquelle il a pris une part déterminante. Artisan de la Transition après la dictature franquiste, il a mené son pays sur le chemin des libertés civiles et politiques, de l’intégration européenne et de la modernité."

Source : http://www.elysee.fr/communiques-de-presse/article/abdication-du-roi-juan-carlos-ier/  (lundi 2 juin 2014).



dimanche 11 mai 2014

Le groupe représentant le Prince impérail et son chien Néro par le sculpteur Carpeaux.

Buste du jeune Prince impérial, d'après Jean-Baptiste Carpeaux (n° d'inventaire : 2010.0.673. Musée du château de Blois).


"Le printemps de 1865 va laisser au Prince un souvenir exceptionnel. Tandis que Napoléon III effectue seul, en Algérie, un voyage que l'opinion qualifiera, à juste titre, de "conquête pacifique", tant l'accueil des tribus ralliées est enthousiaste et chaleureux, l'Impératrice exerce une nouvelle fois la régence. Désireuse de faire à l'Empereur une surprise pour son retour, elle commande à Carpeaux la statue du Prince. Presque quadragénaire, le sculpteur a conquis, péniblement, une gloire très méritée.
L'Impératrice l'a invité à Compiègne pour une des séries de 1864, au cours de laquelle il a vainement essayé d'obtenir d'elle quelques séances de pose. Rageur, il s'est écrié : "Mais pourquoi donc m'a-t-on fait venir ici ?" et il a griffonné des croquis rapides de la souveraine sur des morceaux de papier qu'il tirait de ses poches, chaque fois qu'il le pouvait, même à table, durant les repas, dans la salle à manger impériale. Quelques mois après, dans l'orangerie du bord de l'eau où Louis vient chaque jour poser pendant deux heures, l'artiste, en pleine possession de son talent, s'attaque à la statue avec une fougue passionnée. Après un buste nu, saisissant de vérité et de vie, qu'il modèle à titre d'ébauche, il conçoit le groupe charmant du Prince avec son chien. Les premiers témoignages d'estime et d'admiration qu'il reçoit le comblent. "L'Impératrice est venue hier me visiter avec une suite nombreuse, écrit-il à son ami Chérier, mon succès est définitif et les bravos m'ont rempli de joie." Et quelques jours plus tard, encore : "L'Impératrice est enchantée du buste du Prince et de la statue... J'en pleure de joie."
Durant les séances de pose, la curiosité naturelle de Louis l'amène à questionner Carpeaux sur son art. Il n'a de cesse qu'on lui mette entre les mains de la terre glaise qu'il puisse travailler lui-même. "Votre favori le Prince impérial, écrit Mérimée à Panizzi, que vous ne reconnaîtriez pas, tant il est grandi et formé, a les dispositions les plus extraordinaire pour la sculpture. Un artiste nommé Carpeaux qui a beaucoup de talent a fait son portrait ; lorsque le Prince l'a vu pétrir de la terre glaise, il a naturellement eu envie de mettre la main à la pâte, et a fait un portrait de son père, qui est atrocement ressemblant ; mais bien que ce soit gâché comme un bonhomme en mie de pain, l'observation des proportions est extraordinaire... Mais le plus extraordinaire c'est le portrait de son précepteur, M. Monnier, que vous aimez tant. Je vous jure que vous le reconnaîtriez d'un bout de la cour du British Museum à l'autre. Ce ne sont pas seulement ses traits, c'est même son expression. Tout le génie de l'homme se révèle dans ses yeux, son nez et ses moustaches. Je suis sûr qu'il y a peu de sculpteurs de profession qui pourraient en faire autant." "Quel dommage, dira de son côté la princesse de Metternich, s'il n'avait pas un père empereur, ce petit aurait pu devenir quelque chose."

Le Prince Impérial et son chien Néro, épreuve en plâtre de Jean-Baptiste Carpeaux
(n° d'inventaire : S.90.117. Musée des Beaux-Arts de Valenciennes).


Carpeaux à représenté le Prince dans son costume habituel de velours, culottes bouffantes, petite veste droite ouvrant sur un gilet, cravate nouée négligemment, tenant par le cou son braque Nero qui lève vers son jeune maître un museau attentif, dans une attitude de confiance et d'abandon. Exposée au Salon de 1866, l'épreuve en plâtre recueille tous les suffrages, tant du public que de la critique, unanime à louer cette réussite d'élégance et de simplicité.
Tandis que Carpeaux exécute une copie du groupe en marbre, des reproductions de taille réduite, en bronze, sont fondues sous sa direction, notamment par le célèbre Barbedienne, et la Manufacture impériale de Sèvres en édite un petit modèle en biscuit qui aura beaucoup de succès. L'administration républicaine, longtemps après la chute de l'Empire, continuera à le vendre en le baptisant hypocritement "L'enfant au chien"."

Source : Jean-Claude Lachnitt, Le Prince impérial "Napoléon IV", éd. Perrin, 1997, p.80-82.

jeudi 24 avril 2014

Napoléon III : un pouvoir personnel pour de grands travaux afin de donner du travail et accroître le bien-être des masses.

Napoléon III à Compiègne, du photographe comte Olympe Aguado (1827-1894).
Épreuve sur papier albuminé conservée au château de Compiègne (n° d'inventaire : C50.022).

"La solidité de l'Empire ne peut se comprendre sans la rénovation de larges secteurs de l'économie nationale, par la construction d'un réseau de chemins de fer, et sans la révolution dans l'urbanisme des grandes cités. Napoléon avait lu les saint-simoniens. Il avait vécu en Angleterre. Surtout, il était convaincu qu'un pouvoir personnel devait susciter de grands travaux qui donneraient du travail et finalement accroîtraient le bien-être des masses sur la fidélité desquelles se fondaient le régime.
L'exemple anglais lui avait montré qu'il n'était plus possible, dans une civilisation où les échanges se multipliaient, de maintenir le régime douanier étroitement protectionniste qui était celui de la France depuis la Révolution. Il était résolu à affronter à sa manière, d'abord prudente, puis résolue, la résistance désespérée des industriels qui vivaient à l'abri de ce protectionnisme. Ainsi s'élargirait le cadre d'une économie où des transports plus rapides, plus massifs, feraient circuler les produits à longue distance. Il attendait de cette révolution économique une vie à bon marché, objet essentiel de ses espoirs.
De même, il projetait de transformer les villes et surtout Paris, capitale de l'Empire, dont il voulait faire la plus belle ville du monde, une véritable capitale morale du continent européen. Pour cela, il fallait non seulement construire de somptueux édifices, mais changer l'habitat en donnant à une agglomération repliée sur ses vieux quartiers comme une ville d'0rient l'air, la lumière, l'eau. Il rêvait de maisons ouvrières modernes, hygiéniques, à des prix en rapport avec les salaires. Ainsi reculeraient les épidémies qui restaient un des fléaux de la civilisation occidentale. Enfin, l'Empereur voulait agir vite pour montrer l'efficacité de son gouvernement, frapper les esprits au spectacle de véritables miracles."

Source : Louis Girard, Napoléon III, éd. Fayard, coll. Pluriel, Paris, 2002, p. 236-237.

dimanche 9 mars 2014

Napoléon III vu par Louis Pasteur et Emile Zola.

Portrait de Napoléon III (titre attribué), par Gustave Le Gray (1820-1884). Positif monochrome sur support papier de 1857
(n° d'inventaire : RESERVE EO-13 (1)-PET FOL. H. : 19,8 cm ; L. : 15,2 cm. Paris, Bibliothèque nationale de France - BNF).

"Le 5 septembre 1870, au lendemain de la proclamation du Gouvernement provisoire, quelques heures à peine après cette journée que les plaques de nos rues, de nos avenues et de nos placent célèbrent à jamais, Louis Pasteur, le grand Louis Pasteur, celui dont nos manuels n'évoquent la gloire que dans le chapitre qui suit immédiatement celui du second Empire, a le courage et la lucidité d'écrire ces quelques lignes au maréchal Vaillant :
"Je me souviendrai éternellement des bontés de l'Empereur et de l'Impératrice et je resterai jusqu'à mon dernier jour fidèle à leur mémoire... Malgré les vaines et stupides clameurs de la rue et toutes les lâches défaillances de ces derniers temps, l'Empereur peut attendre avec confiance le jugement de la postérité : son règne restera l'un des plus glorieux de notre Histoire."

Louis Pasteur (1822-1895), scientifique français, pionnier de la microbiologie, inventeur du vaccin contre la rage, lithographie
(n° d'inventaire : Po.1302. H. : 19 cm ; L. : 23 cm.
Paris, Muséum national d'Histoire naturelle (MNHN), bibliothèque centrale. Achat Prouté : novembre 1954).

Et après lui, laissons parler Émile Zola, celui de J'accuse :
"A vingt ans, en plein Empire, je tenais le neveu du grand Napoléon pour le bandit, le "voleur de nuit" qui, selon l'expression célèbre, avait allumé sa lanterne au soleil d'Austerlitz. Dame, j'avais grandi au roulement des foudres de Victor Hugo : Napoléon le Petit était pour moi un livre d'histoire d'une vérité absolue... Je le voyais l'oeil terne, furtif, les traits pâlis, à travers cette rhétorique hennissante, écumante, géniale.
Mais j'en suis revenu depuis.

Emile Zola, écrivain, par l'atelier de Nadar (1871-1939). Négatif monochrome sur support verre
réalisé vers le 18 février 1885 (n° d'inventaire : NA23701376G. Charenton-le-Pont, Médiathèque de l'Architecture et du Patrimoine).

Car, au fait, le Napoléon III des Châtiments, c'est un croquemitaine sorti tout botté et tout éperonné de l'imagination de Victor Hugo. Rien n'est moins ressemblant que ce portrait : sorte de statue de bronze et de boue élevée par le poète pour servir de cible à ses traits acérés, disons le mot, à ses crachats. Non l'Empereur : un brave homme, hanté de rêves généreux, incapable d'une action méchante, très sincère dans l'inébranlable conviction qui le porte à travers les événements de sa vie qui est celle d'un homme prédestiné, à la mission absolument déterminée, inéluctable, l"héritier du nom de Napoléon et de ses destinées. Toute sa force vient de là, de ce sentiment des devoirs qui lui incombent..."

Source : Philippe Séguin, Louis Napoléon le Grand, éd. Grasset, Paris, 1990, p. 429-430.

dimanche 2 mars 2014

Extrait du testament de Napoléon III, rédigé le 24 avril 1865.


Sa Majesté l'empereur distribuant des secours aux inondés de Lyon, huile sur toile du peintre Hippolyte Lazerges (1817-1887) en 1857
(n° d'inventaire : C.84-D.18 et INV.20559. H. : 301 cm ; L. : 205 cm. Château de Compiègne).

Napoléon III confie à son fils : "Le pouvoir est un lourd fardeau parce que l'on ne peut pas toujours faire le bien qu'on voudrait et que vos contemporains vous rendent rarement justice ; aussi faut-il pour accomplir sa mission, avoir en soi la foi et la conscience de son devoir."

Source : Philippe Séguin, Louis Napoléon le Grand, éd. Grasset, Paris, 1990, p. 339.

vendredi 28 février 2014

Une décisive impulsion a été donnée par Louis Napoléon à la France : il l'a fait changer de siècle.

Louis-Napoléon-Bonaparte (1808-1873), président de la République, 1848-1852, sculpture en bronze
(n° d'inventaire : RF3681. H. : 96 cm ; L. : 57 cm ; l. : 43,3cm. Dépôt de l'Etat, 1984 ; Paris, musée d'Orsay).

"Tout le monde connaît, car on en parle sans cesse, les libertés que [Louis Napoléon] limita ; tout le monde oublie, car on omet souvent de le rapporter, qu'elles furent, le moment venu, rendues au peuple et notablement amplifiées. En 1870, au chapitre des droits fondamentaux, individuels et collectifs, il n'y a pas lieu d'écrire que la France a été délivrée  d'un tortionnaire. [...]
En tout cas, les progrès accomplis dans le domaine des droits sociaux sont indiscutables : droit de grève, droit de réunion, liberté syndicale de fait, abolition de dispositions anti-ouvrières dont nul ne s'était vraiment soucié jusque-là. L'esquisse d'une protection sociale a été dessinée, ou du moins sa nécessité reconnue. L'enseignement public a été amélioré et étendu. Surtout, la France s'est profondément et durablement modernisée.
Une décisive impulsion a été donnée par Louis Napoléon à la France. Il l'a fait changer de siècle. Aujourd'hui encore, nous vivons dans un cadre qu'il a conçu, voulu et créé et qu'il nous a légué.
Peu de chefs d’État dans l'Histoire ont laissé un tel héritage. Rarement, jamais sans doute, la France n'aura fait autant de progrès en si peu de temps.
Quand on mesure la puissance de notre pays en 1870, on enrage vraiment à la pensée de la défaite. Sedan est un scandale. Car la France n'est pas battue sur ce qu'elle est, c'est-à-dire un pays autrement plus avancé, autrement plus riche, autrement plus puissant que la Prusse."

Source : Philippe Séguin, Louis Napoléon le Grand, éd. Grasset, Paris, 1990, p.332.