mardi 25 décembre 2012

Portrait de M. Necker (1732-1804), de sa femme, de sa fille et de leur cour par le marquis de La Maisonfort (1763-1827).

 Jacques Necker (1732-1804), par Joseph Siffred Duplessis (1725-1802), fin XVIIIe siècle, Château de Versailles.

"Si la vanité des magistrats, qui se crurent appelés à jouer un grand rôle, échauffa considérablement ce pauvre peuple qui n'en pouvait et qui songeait qu'à être tranquille, celui d'un étranger vint achever de souffler sur tant de matières combustibles. Cet homme qui devait enfanter un amour-propre encore plus irascible peut-être que le sien, mais cependant moins dangereux, M. Necker, sous le prétexte de l'amour du bien public, pour appeler l'attention sur lui, tavelait les faiblesses du gouvernement, les besoins de la France et la prétendue nécessité d'un autre ordre de choses. Réparer le mal ne produisait pas assez d'éclat. On voulait rebâtir et pour édifier un monument politique, il fallait abattre. Non seulement, M. Necker était un financier habile et un prétentieux écrivain, mais la puissance des coteries l'avait fait ministre. Il avait de la fortune, une bonne maison. Sa femme tenait son cercle avec cette adresse, cette pédanterie qui en imposent aux gens médiocres. Sa fille [Anne-Louise Germaine Necker, baronne de Staël (1766-1817)] attirait par son esprit. Tous ces moyens réunis vinrent à l'appui de ses ouvrages. L'engouement avait commencé, le fanatisme continua. On crut voir dans le salon de Mme Necker le péristyle du temple de la fortune. On voulait former une secte : les sectes se présentèrent en foule, les jeunes courtisans pour blâmer la cour, les savants pour avoir des places, les académiciens de l'argent, chacun pour son intérêt particulier, tous pour occuper au nom du prophète toutes les trompettes de la Renommées et se jeter dans toutes les avenues du pouvoir."

Source : Marquis de La Maisonfort, Mémoires d'un agent royaliste, éd. Mercure de France, 1998, p.65.

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