lundi 10 février 2014

Napoléon III avait poussé très loin un projet de retour en France en 1873.

Napoléon III et le prince impérial sur ses genoux, huile sur toile conservée au château de Compiègne
(n° d'inventaire : C49.111).

"Le 9 janvier 1873. L'aménagement de l'hôtel de la rue de Berri est achevé et Mathilde [cousine de Napoléon III car fille du roi Jérôme, frère de Napoléon Ier] qui s'est agrandie réside maintenant au n° 20. Dans la soirée, la princesse, qui a regagné ses appartements du premier étage, reçoit une dépêche. Le télégramme vient d'Angleterre. Il contient l'annonce de la mort, brutale, de Napoléon III. L'empereur est décédé une heure avant une opération de la vessie, troisième intervention après les deux qu'il avait subies en huit jours. A son médecin, il avait posé, dans un murmure, cette ultime question qui l'obsédait :
- N'est-ce pas, Conneau, que nous n'avons pas été lâches à Sedan ?
La princesse suspend immédiatement toute vie mondaine et prend le deuil avec une dignité qui en impose même aux adversaires de l'Empire. Si elle n'avait pas toujours cautionné ce que décidait on cousin, elle tient à honorer sa mémoire et à réhabiliter son œuvre.
[...]

La princesse Mathilde, par Pierre François Eugène Giraud (1806-1881), pastel de 1861
(n° d'inventaire : C.28-D.20. H. : 127 cm ; L. : 95 cm, château de Compiègne, dépôt du musée de Versailles).

Mathilde apprend que Napoléon III avait poussé très loin un projet de retour en France. Encore ! L'affaire était prévue pour l'été en passant par Genève, Cologne et Bâle. A Lyon, Bourbaki devait soulever la garnison. Seul l'état de santé de l'ex-empereur avait retardé la mise en pratique de ce retour d'exil. Pour conquérir la France, il lui aurait fallu paraître à cheval et pour se tenir en selle, il lui fallait subir d'éprouvantes opérations chirurgicales. A ceux qui formulaient d'autres objections, l'ancien souverain avait rétorqué :
- Ce qui peut m'arriver de pire, c'est d'être fusillé ; cela vaut mieux que de mourir en exil et dans son lit.
Cette gloire lui avait été refusée et Mathilde ne cessera d'y songer pendant le long deuil qu'elle portera un an ; un véritable deuil de cour."

Source : Jean des Cars, La Princesse Mathilde, éd. Perrin, 1996, p.436-438.


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